Tel le sculpteur du goût et des émotions du XXIème siècle, le chocolatier façonne avec dextérité cette matière noble qu’est le cacao. Parmi cette grande famille d’artistes-cacaotiers, la Chocolaterie Colas offre régulièrement à ses fidèles gourmands, le privilège de se délecter des saveurs douces, fruitées et corsées de ses chocolats, ainsi que de contempler ses pièces Haute-Couture.
Ganaches fondantes au chocolat noir, à la framboise, au café ou au yuzu, truffes au champagne, mendiants, marrons glacés et enfin le clou du spectacle…des sculptures en chocolat aux mille et une couleurs, taillées avec une extrême finesse prennent selon le thème de la collection des dimensions impressionnantes ! Qui dit œuvre spectaculaire, dit aussi chocolaterie spectaculaire : 600 m2 de surface réservée à l’exposition et à l’élaboration de créations cacaotées. La chocolaterie Colas située dans la commune yvelinoise de Maule créée quotidiennement des chocolats aux formes uniques, allant des mocassins et escarpins de femmes glossy, aux Pères Noël joufflus et à l’embonpoint sympathique, passant aussi par la production de mappemondes et de portraits grandeurs natures de célèbres personnages de l’Histoire.
Au-dessus de la galerie-boutique, un spacieux loft fait office de laboratoire des délices, où une brigade de chocolatiers s’activent à réaliser d’un côté, les sculptures en cacao de nos rêves et de l’autre, à rendre inoubliable le goût du chocolat. Le chocolat de Maule a acquis depuis déjà 40 ans ses lettres de noblesse. Pierre Colas, le fondateur et chocolatier de la maison a transmis depuis plus de 15 ans le témoin à sa descendance et à sa troupe d’artistes-chocolatiers qui se basent sur son savoir-faire et son expérience pour créer des pièces en chocolat de haute-couture.
Depuis plusieurs années, le domaine de « la haute-couture gastronomique » a fait irruption, dans les secteurs de la pâtisserie et de la chocolaterie, hissant les créations des pâtissiers au rang de chefs d’œuvres artistiques. Comment un chocolat taillé et décoré comme une pièce d’orfèvrerie, peut-il toucher l’âme des gens ? Pourquoi cette jubilation à vouloir mettre en valeur le côté artistique du chocolat et de la pâtisserie ? D’après Fabrice Stijnen, directeur du musée du Chocolat à Paris, « c’est à partir des premiers concours de Meilleur Ouvrier de France, en 1920, que les pâtissiers et chocolatiers ont concentré leurs efforts sur la présentation artistique de leurs pièces en chocolat », élevant ainsi leur art quasiment au même niveau que la mode.
Aussi afin de souligner le style de chacune de leurs créations en cacao, la maison Colas fait entièrement confiance aux idées et au talent de designer de la gérante Hélène Colas. Elle s’inspire au gré de ses précédents voyages de l’Histoire, des sculptures et de la richesse culturelle des lieux pour créer les moules, les reliefs et les dessins qui siéront le mieux à ses chocolats. Suite à son passage dans les villes de Séville et de Grenade, elle élabore la collection de cet hiver « L’Andalousie de Christophe Colomb » contenant : la réplique du bateau « la Pinta », des mappemondes colorées du XVe siècle, de grands sapins de Noël à trois faces sculptées de mosaïques arabo-chrétiennes…
Pour réaliser cette collection, Hélène Colas s’appuie sur les conseils et la technique de Steed Decarvalho, le maquettiste de la maison et de Loubna Louhadili, surnommée la « reine du moulage ». Steed thermoforme au détail près les moules alimentaires en PVC qui permettront de donner un aspect brillant au chocolat ; il fabrique aussi des moules en silicone et en plâtre de résine, qui permettent respectivement d’obtenir du relief ou des pièces en chocolat d’une extrême finesse.
Pigmenter et graver les derniers détails sur le chocolat est le domaine de Lucie, l’un des quatre grands artistes assembleur, décorateur et sculpteur de la Chocolaterie Colas. Mais avec quoi peint-elle ? Un pinceau, une crêpière et des colorants alimentaires… la crêpière sert de palette à peinture, qui chauffe en permanence les couleurs mélangées au beurre de cacao. Comme le confie Lucie « la composition de chaque pigment de couleur est d’origine minérale, sans danger pour la santé », elle ajoute aussi que « on ne peint pas avec des colorants chimiques mais avec des colorants alimentaires naturels ! » Le rouge a une particularité spéciale, il est obtenu grâce l’acide carminique[1] de cochenille; le jaune est obtenu à partir d’oxyde de fer ; le bleu à partir d’algues et le blanc à partir d’oxyde de titane.
Au même titre que les odeurs et les saveurs du cacao sont douces à nos sens, la contemplation d’une sculpture finement colorée et dorée aiguise notre attirance vers elle. Aussi les Michel-Ange du cacao n’ont qu’une seule devise : émouvoir et magnifier au maximum le goût et l’apparence du chocolat.
Juliette Durieux
[1] Agent colorant du carmin, extrait du micro-insecte qu’est la cochenille.
Ces créations de Noël de la Chocolaterie de Maule ont été créées en décembre 2013.